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Alexandre J. Grossmann (1930 - 2019)

Alexandre J. Grossmann, un des pères de la théorie des ondelettes, ancien membre du CPT, nous a quitté dans la matinée du 12 février 2019 dans sa maison familiale d’Orsay.

Né en 1930 à Zagreb, Alex Grossmann avait fui le régime Croate pro-nazi pour la Toscane puis la Suisse, avant de revenir en Yougoslavie et obtenir un doctorat de physique à l’Institut Ruđer Bošković en 1955.

Alex Grossmann en 1950

Parti ensuite aux États-Unis, il travailla dans les départements de physique de l’université de Brandeis et de NYU, au Courant Institute, puis à l’Institute for Advanced Studies à Princeton, jusqu’en 1964. Après un an à l’IHES (Bures-sur-Yvette, France) il rejoint à la demande de Daniel Kastler le naissant Centre de Physique Théorique de Marseille sur un poste CNRS de « Maître de recherche » (DR2) en octobre 1968, où il y restera jusqu’à la fin de sa carrière en tant que Directeur de recherche émérite en 2002. À partir de 1993, parallèlement à ses activités, il se rapproche du groupe de Biologie-Informatique et Génomique de Gif-sur-Yvette puis rejoint le Laboratoire Génome et Informatique, nouvellement créé à l’université de Versailles, et transféré en 2000 au génopole d’Evry. Devenu laboratoire Statistique et Génome de 2006 à 2013, puis équipe par fusion, au sein du LaMME (Laboratoire de Mathématique & Modélisation d’Evry), Alex Grossmann interviendra activement au sein du groupe Statistique et Génome jusqu’en décembre 2014.

Alex Grossmann en 1980

Chercheur véritablement multidisciplinaire et polyglotte, Alex Grossmann a tout d’abord apporté de très importantes contributions aux mathématiques de la mécanique quantique - analyticité de l’amplitude de diffusion, analyse fonctionnelle, opérateurs pseudodifférentiels, physique du solide, pseudo-potentiels de Fermi, quantification – sans oublier la physique statistique et la théorie des antennes. En 1980, il rencontre le géophysicien Jean Morlet d’Elf-Aquitaine. Ensemble, ils formalisent la désormais célèbre théorie des ondelettes, tout d’abord par l’introduction de transformées en ondelettes complexes continues (temps-échelles ou position-échelles), voire directionnelles, puis par des techniques de discrétisation qui conduiront à la construction d’algorithmes rapides en dimension quelconque (e.g. algorithmes à trous) et aux premiers pas vers la construction de bases. Depuis, au Centre de Physique Théorique, sous l’impulsion d’Alex, avec ses étudiants et ses collaborateurs, l’analyse en ondelettes a été exploitée dans diverses domaines : e.g. l’analyse et resynthèse du signal, les problèmes de reconnaissances de formes, le traitement des images, la théorie des fractales, le problème inverse en théorie du potentiel, la géophysique, l’étude de phénomènes turbulents, les sciences de l’univers, la détection des ondes gravitationnelles… A partir de 1993, Alex Grossmann s’intéressa à des problèmes de bio-informatique et génomique, en particulier l’utilisation de l’algèbre linéaire pour la comparaison des séquences biologiques ; l’étude quantitative de l’évolution de séquences génétiques de protéines.

Par son esprit si profondément original, maniant à égalité abstrait et appliqué, culturel et créatif, Alex Grossmann a laissé l’empreinte impérissable de sa vision de la connaissance à plusieurs générations de scientifiques.

Depuis 2013, le logo du Centre de Physique Théorique rend explicitement hommage à la découverte des ondelettes.

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