Centre de Physique Théorique

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Jacques Soffer (1940-2019)

Jacques SOFFER, ancien directeur du CPT, nous a quitté le 29 avril dernier, après un combat acharné contre une redoutable maladie.
Jacques était né à Marseille en 1940. Durant la guerre, il a trouvé refuge dans une ferme des Alpes avec sa famille. Après la guerre, il a entrepris des études de physique à Marseille et il a obtenu son doctorat sous la direction d’Antoine Visconti. Il a passé l’essentiel de sa carrière au CNRS au sein du Centre de Physique Théorique dont il a été directeur de 1986 à 1993 (en alternance avec Pierre Mery). Il a profité de séjours post-doctoraux ou sabbatiques à l’Université de Maryland, à Cambridge, au CERN, à l’Institut Weizmann et à l’Université de Lausanne. Après sa retraite du CNRS il est devenu Professeur Associé à l’Université de Temple (USA).
Jacques SOFFER a été un théoricien phénoménologue prolifique dans le domaine de la physique des particules. Il a signé environ 300 articles et comptes rendus de conférences internationales. Il a joué un rôle important auprès de la communauté des hautes énergies dans la promotion de l’utilisation des mesures de polarisation (physique du spin). Celles-ci permettent en effet de sonder les théories dynamiques des interactions fondamentales grâce à des tests qui sont beaucoup plus fins que de simples mesures de sections efficaces différentielles. Jacques est également connu pour avoir prédit en 1979, avec C. Bourrely (CPT) et T.T. Wu (Harvard), comment la section efficace proton-proton croissait avec l’énergie. La prédiction tient toujours en ce qui concerne sa comparaison avec les données expérimentales alors que l’énergie des expériences a été multipliée par un facteur supérieur à 100. En 1999 Jacques a contribué à un article qui montrait comment réaliser la mesure absolue du degré de polarisation d’un faisceau de protons, un article crucial pour la réalisation des expériences de spin à haute énergie menées au Brookhaven National Laboratory (USA).
Ces dernières années, il a montré comment obtenir des bornes sur les observables de spin grâce à la positivité avec des applications importantes pour l’extraction des distributions partoniques polarisées et pour la diffusion hadron-hadron à basse énergie. Ses travaux ont conduit à la rédaction de trois articles de revue dans « Physics Reports ».
Jacques a toujours collaboré de façon fructueuse avec les expérimentateurs. Il n’est pas exagéré de dire que des programmes expérimentaux entiers, comme ceux réalisés auprès du RHIC-SPIN de Brookhaven (collisions polarisées proton-proton de haute énergie), ont été inspirés par ses travaux et réalisés avec sa participation active. Tout au long de sa carrière, Jacques a organisé et co-organisé de nombreux workshops et conférences sur la physique du spin et, ces dernières années, il a souvent été chargé de réaliser le résumé final de la conférence.
Dans son travail pionnier en physique du spin, Jacques est toujours allé rapidement vers les questions principales, guidé par un excellent flair pour la nouvelle physique, ce qui a suscité l’étonnement et l’admiration des ses collaborateurs. Ses collègues et collaborateurs, tout particulièrement ses étudiants en thèse, ont beaucoup bénéficié de ses avis et de sa grande connaissance des outils théoriques et des faits expérimentaux. Ils ont unanimement apprécié sa chaleureuse amitié et son hospitalité, son sens de l’humour et sa grande culture dans le domaine des arts, de la littérature et de la technologie.
Jacques laisse son épouse Danielle, trois enfants, David, Judith et Eve, ainsi que neuf petits-enfants qui l’aimaient et l’admiraient profondément.

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