Quelle place pour une contribution exotique aux rayons
cosmiques?
Julien LAVALLE
Dipartimento di Fisica Teorica
Università degli Studi di Torino (UNITO)
Cours
Durant ce cours, nous discuterons de manière critique l'interprétation des données du satellite PAMELA selon laquelle l'excès de positrons observé pourrait être dû à l'annihilation de matière noire. Pour ce faire, nous revisiterons la propagation et les diverses sources astrophysiques d'électrons et de positrons, et verrons si un tel signal exotique peut ou non dominer les contributions standard et/ou s'en distinguer.
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RESUME
Le rayonnement cosmique d'antimatière est essentiellement produit par des processus astrophysiques dits secondaires (interaction nucléaire --- ou spallation --- des noyaux cosmiques avec le gaz interstellaire), ce qui rend son observation appropriée pour la recherche de processus exotiques générant de l'antimatière, comme l'annihilation de matière noire. La publication récente des données de la fraction positronique par la collaboration PAMELA en octobre 2008 a justement donné lieu à un nombre impressionnant d'articles en proposant cette lecture exotique. Bien que les modèles usuels de matière noire n'aient absolument pas les propriétés requises pour expliquer ce type d'observation, en particulier du fait de leur faible taux d'annihilation, l'introduction de quelques artefacts a en effet permis de pallier ces contraintes et rendu cette interprétation possible.
La nature la matière noire étant l'une des grandes énigmes de la physique moderne, il convient toutefois de traiter cette question avec prudence, et cela nous conduit naturellement à réexaminer de manière critique la pertinence d'une telle interprétation. Outre les contraintes venant d'autres messagers cosmiques (spectre électromagnétique et antiprotons), il est d'abord nécessaire d'estimer de manière précise les positrons dits secondaires, issus de la spallation du rayonnement cosmique sur le gaz interstellaire, qui constituent le bruit de fond duquel doit sortir tout signal primaire, astrophysique ou exotique. Il convient ensuite d'étudier les contributions astrophysiques primaires dues aux sources astrophysiques connues d'électrons et éventuellement de positrons (restes de supernovae et pulsars, principalement). Enfin, nous étudierons la source primaire d'électrons et de positrons que constitue l'annihilation de matière noire, en montrant notamment l'effet des ingrédients souvent invoqués pour amplifier le taux d'annihilation : la présence de sous-structures, et l'effet quantique non relativiste dit de Sommerfeld. Nous comparerons les signatures prédites dans ce cadre à celles dues aux processus astrophysiques standard, et discuterons alors le potentiel du spectre d'électrons/positrons comme traceur de l'annihilation de matière noire, à la lueur des incertitudes théoriques existant dans ce domaine. Nous conclurons par une revue de perspectives.
BIBLIOGRAPHIE
Astrophysique
standard
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