MERCREDI 12 JANVIER 2005
14 heures
Salle Séminaire 5
Centre de Physique Théorique
Marseille-Luminy

Bruno Cessac
Institut Non Linéaire de Nice

Théorie de la réponse linéaire et transport de signaux dans un réseau
d'unités non linéaires.

Résumé: Il y a depuis quelques temps une activité de recherche importante, en
physique théorique, dans le domaine des ``réseaux''. Si ces études ont
souvent pour finalité l'étude de la capacité qu'ont ces réseaux à
transmettre ``quelque chose'' (paquets de données, emails, mais aussi
épidémies, voire opinions, etc ...) elles se focalisent
essentiellement sur les propriétés topologiques du graphe (scale free
graphs, small world, etc...). Cependant, si l'on s'attache à décrire
un processus de transmission de signaux le long d'un graphe où les
noeuds sont des relais, on peut faire remarquer qu'un relais n'est en
général pas une entité neutre mais ``active''. Il peut ainsi agir
comme amplificateur destiné à régénérer le signal, mais il a aussi une
bande passante limitée et il peut saturer si le signal global entrant
est trop fort. On peut modéliser cette situation en considérant des
relais avec une fonction de transfert non linéaire (par exemple
sigmoidale). Mais quelle est l'influence de cette non-linéarité sur la
capacité effective de ce réseau à transmettre un signal donné?

Nous développons des outils permettant une telle analyse dans le cas
particulier suivant. On considère un réseau du type évoqué ci-dessus
où les signaux sont chaotiques. On superpose alors au background
chaotique d'une unité un signal périodique de faible amplitude et on
regarde comment il est transmis dans ce réseau. Dans ce cadre, nous
utilisons la théorie de réponse linéaire récemment développée par
David Ruelle qui généralise la théorie usuelle à des systèmes
dynamiques dissipatifs chaotiques. On sait alors définir un opérateur
de réponse linéaire, dont la transformée de Fourier (susceptibilité
complexe), donne la réponse moyenne du système à une excitation
périodique de faible amplitude. On met alors en évidence des
résonances correspondant à des pôles de la susceptibilité complexe. La
théorie développée par D. Ruelle prédit l'existence de deux types de
pôles. Des pôles dit instables correspondant à des résonances pour des
perturbations sur l'attracteur et des pôles stables correspondant à
des perturbations transverses à l'attracteur. Ce second type de pôles
n'avait, jusqu'à présent, jamais été mis en évidence.

Nous exhibons ces pôles et montrons, par ailleurs, qu'ils
correspondent à des résonances spécifiques de la paire
émetteur/récepteur, contrairement aux résonances instables, qui,
elles, sont identiques pour toutes les paires. Ce travail préliminaire
suggère d'une part que la physique statistique des systèmes
dissipatifs est plus riche que celle des systèmes conservatif, et que,
par ailleurs, et de manière inattendue, elle peut etre utilisée pour
l'étude de propagation de signaux de faible amplitude dans des réseaux
d'unités non linéaires.