Soit f un difféomorphisme de la variété M, ou, plus généralement, une application différentiable de M (de dimension m) dans N (de dimension n). En coordonnées locales, f s’écrit à l’aide de n fonctions fα de m variables yα = fα(xμ). La matrice jacobienne de cette application est la matrice (n,m) des éléments ∂yα∕∂xμ. Une telle matrice définit une application linéaire de l’espace vectoriel tangent à M au point P dans l’espace tangent à N au point f(P). Soit {∂μ} un repère naturel de M défini dans un voisinage de P et {∂α} un repère naturel de N défini dans un voisinage de f(P). Soit v ∈ TP (M), on peut écrire v = vμ∂ μ. On obtient un vecteur w ∈ Tf(P)(N) en écrivant w = wα∂ α avec
Cette application, dite application linéaire tangente (ou “push forward”) se
note, suivant les auteurs f*, Tf, f~, ou même et on dit que w =
(v) est
l’image directe de v. On peut bien entendu définir directement
sans utiliser de
systèmes coordonnés. De façon générale, à toute application différentiable
f : M → N, on associe une application linéaire tangente
: TM → TN, et si
v ∈ TP M, alors
[v] ∈ Tf(P)M.
Remarque : on peut toujours prendre l’image d’un vecteur tangent par
l’application tangente, mais l’image d’un champ de vecteurs v sur M ne définit
pas nécessairement un champ de vecteur sur N ; d’une part, en effet, rien ne
prouve qu’un point Q quelconque de N soit nécessairement dans l’image de f, et
par ailleurs, même si f est surjective, rien ne dit, dans le cas où deux
points distincts P1 et P2 seraient tels que f(P1) = f(P2) que l’image par
du vecteur v(P1) coïncide avec l’image par
du vecteur v(P2). En
fait, pour une application differentiable surjective f : M → N donnée,
il est commode d’introduire la notion de champ de vecteurs projetable
: v ∈ Γ(TM) est dit projetable (par f) si, pour tout Q ∈ N et pour
toute paire (P1,P2) de points de M tels que Q = f(P1) = f(P2) on ait
[v(P1)] =
[v(P2)] ; dans ce cas on obtient bien un champ de vecteur sur
N.
La même matrice jacobienne (∂yα∕∂xμ) définit également une application
linéaire de l’espace cotangent à N au point f(P) dans l’espace cotangent à M au
point P. En effet, soit τ ∈ Tf(P)*N, alors τ = τ
αdyα. L’image de la forme τ est la
forme σ ∈ TP *M, avec σ = σ
μdxμ et
Cette application, qu’on pourrait appeler application linéaire cotangente ,
(ou “pull back”) et noter f*, T*f, f~, ou même n’est donc autre que
la transposée de l’application linéaire tangente
au point P ∈ M :
elle envoie les co-vecteurs de N au point f(P) (i.e. les 1-formes de N au
point f(P) ) dans les co-vecteurs de M au point P. Si τ ∈ Tf(P)*N, alors
(τ) = τ ∘
∈ TP *M. Cette application de T
f(P)*N dans T
P *M ne peut
manifestement pas, en général, se généraliser à une application de T*N
dans T*M ; la situation n’est donc pas tout à fait analogue à celle de
l’application tangente, qui, elle, est bien définie, comme application de TM dans
TN.
Par contre, si ω est une 1-forme differentielle sur N, c’est à dire un champ de
co-vecteurs, on peut toujours considérer son image par
; en effet, dans ce cas,
si v est un vecteur quelconque en P ∈ M, alors
(P) est un vecteur en
Q = f(P) ∈ N et le nombre ωQ[
(P)] est bien défini. On obtient ainsi une
1-forme differentielle sur M qu’on notera f*ω ou
(ω). On l’appelle en général
“pull back” de ω par f.
Quelques remarques sur les notations : on peut trouver commode d’utiliser de
nouveau le symbole df et d’écrire tout simplement (en un point P donné, non
explicitement indiqué par la notation)
La notation suivante est également très commode :
Si on choisit un repère mobile e = Λ
β∂
β dans N et un co-repère mobile
e
= L
ν
dxν dans M, on pourra écrire également
Nous venons de voir que les 1-formes de N peuvent être “rappelées” sur M à
l’aide de :
Nous laissons au lecteur le soin de démontrer les propriétés suivantes :