2.3 Actions de groupes et représentations

2.3.1 Généralités

L’étude des groupes pour eux-mêmes ne devrait pas nous faire oublier un fait essentiel : un groupe sert surtout à agir sur “quelque chose”. Historiquement, d’ailleurs, on définissait le plus souvent les groupes comme “groupes de transformations”, pour s’apercevoir, après coup, du fait que deux groupes de transformations pouvant sembler très différents de prime abord, ne constituaient, en fait, qu’un seul et même groupe “abstrait”, agissant de deux façons différentes sur deux espaces différents. Pour préciser cette notion d’action ainsi que pour décrire la façon dont un groupe G agit sur un ensemble M, il est utile d’introduire un vocabulaire approprié.

2.3.2 Groupe G opérant à gauche sur un ensemble E

A tout élément g de G et à tout élément x (on dira “point”) de E, on associe un point y de E qu’on appelera image de x par la transformation g. On écrira

y = gx
On veut que (g1g2)x = g1(g2x) afin de pouvoir oublier les parenthèses. Plus précisément, une action (à gauche) de G sur E est la donnée d’un homomorphisme L du groupe G dans le groupe des substitutions de E (l’ensemble des bijections de E dans E). L’image de g G est noté Lg. L’application Lg est donc une bijection de E dans lui-même. Puisque L est un homomorphisme, on a Lg1g2 = Lg1Lg2. Par abus de langage, il est d’usage de noter y = gx au lieu de y = Lg(x). Le lecteur aura compris que le symbole L vient de Left.

Pour définir une action quelconque, nous avons simplement supposé que Lg était une bijection, mais on peut contraindre davantage la situation en imposant à Lg d’être un homéomorphisme (E étant alors supposé muni d’une topologie), un difféomorphisme (E étant une variété différentiable), etc . On parle alors d’action continue, différentiable, etc .

2.3.3 Action à droite (anti-action)

On dit que G agit à droite sur E si on se donne un anti-homomorphisme R de G dans l’ensemble des substitutions de E. En d’autres termes, on remplace la condition Lg1g2 = Lg1Lg2 par la condition Rg1g2 = Rg2Rg1. Une action à droite n’est donc pas une action, au sens strict du terme, mais une anti-action. De façon à pouvoir se débarrasser du symbole R, mis pour Right, on notera y = xg au lieu de y = Rg(x). L’écriture de g, à droite de x permet de composer correctement les transformations sans qu’il y ait besoin de parenthèses : Rg1g2(x) = Rg2Rg1(x) implique en effet x(g1g2) = (xg1)g2.

2.3.4 Passage de la droite à la gauche (et inversement)

Supposons donnée une action à droite R de G sur E ; on peut canoniquement lui associer une action à gauche L en définissant Lgx = Rg-1x ; c’est à dire encore, avec des notations plus dépouillées, gx = xg-1. On peut ainsi toujours passer de la droite à la gauche et inversement. Cela dit, il est, quelquefois, dangereux d’effectuer ce passage sans notations protectrices En effet, prenons par exemple E = G lui-même ; on n’a alors certainement pas g.k = k.g-1 dans le groupe G ! Une telle expression devrait donc s’écrire g × k = k.g-1 et s’interpréterait, non comme une égalité dans G mais comme une expression définissant, à partir de la multiplication “.” une nouvelle multiplication “×” (qu’on appelle dailleurs la “multiplication opposée”).

2.3.5 Orbites, espace quotient

2.3.6 Efficacité

2.3.7 Liberté et stabilisateur

2.3.8 Transitivité

L’action de G sur E est dite transitive s’il n’existe qu’une seule orbite, en d’autres termes, s’il est possible de passer de n’importe quel point de E à n’importe quel autre point à l’aide d’un élément de G.

2.3.9 Action d’un sous-groupe H sur un groupe G, normalisateur, centralisateur

2.3.10 Stratification

Dans toute cette sous-section on considère un groupe G agissant sur E de façon fidèle.

2.3.11 Remarques

Afin de se familiariser avec les concepts qui précèdent ainsi qu’avec la terminologie correspondante, nous suggérons très fortement au lecteur de revoir toute la géométrie élémentaire (celle étudiée dans les classes secondaires) en ces termes, c’est à dire en utilisant l’action des groupes de translations, rotations, homothéties, etc . Il pourra être également extrêmement utile de revoir la cinématique classique (puis la cinématique relativiste) sous cet angle, en étudiant l’action du groupe Euclidien, celle du groupe de Galilée, du groupe de Lorentz etc .